Pourquoi le ski-roue ne se développe pas
Sport génial pour ses pratiquants, étrange et séduisant pour les autres, le ski-roue peine à émerger. La France comptait pourtant environ 2,7 millions de pratiquants de ski de fond en 2016. Alors pourquoi cette situation ? Voici une tentative d’explication.
Quiconque a déjà pratiqué le ski-roue en plaine le sait bien. La réaction des passants lorsqu’on déboule, précédé par le son inimitable du tac-rac de nos bâtons heurtant le bitume, est toujours la même.
Un sourire, une phase de contemplation qu’on devine interrogative, puis l’éternelle question : « y a de la neige ? ». On aime l’humour dans la vallée.
Le ski-roue reste cette chose étrange qui intrigue. Et pour cause. Il y a tellement peu de pratiquants en France que personne n’a pris la peine de les recenser.
Il est vrai que pour le ski-rouleur, cela apporte à la fois la sensation d’appartenir à une caste d’initiés, mais également le plaisir de voir les réactions des enfants qui découvrent ce sport pour la première fois.
On peut cependant s’interroger sur les raisons de ce manque de progression d’un sport qui s’inscrit pourtant complètement dans les problématiques actuelles. Il n’aura échappé à personne que le temps n’est plus à la neige et au froid. Les stations ouvrent de plus en plus tard quand elles ne sont pas en train de préparer l’après neige considérant que le temps des remontées mécaniques et des pistes damées est déjà compté.
Bien sûr, il y a fort à parier que le jour où cela arrivera, la plupart des pratiquants de ski de fond se réorienteront vers le ski-roue. Mais pourquoi attendre ?
Outre les bienfaits que ce sport apporte, c’est aussi une activité qui ne nécessite pas la création de pistes particulières, qui permet de recycler ses chaussures de ski de fond si vous en possédez, et dont le matériel ne nécessite pas de changement régulier pour progresser.
Sauf accident, vous pouvez conserver la même paire pendant de longues années. Vous aurez éventuellement à changer les roues, mais pas avant plusieurs années même avec une pratique régulière.
Alors pourquoi ne croise-t-on personne sur des ski-roues ? Pourquoi les quelques compétitions peinent-elles tant à se maintenir faute de participants ?
1. La concurrence avec le roller en ligne
La facilité consiste à regarder du côté de la concurrence directe. En effet, pour le néophyte, la différence entre le ski-roue et le roller ne tient qu’à la longueur de la platine. Faux ! Ces deux sports n’ont rien à voir.
Encore une fois, le ski-roue est beaucoup plus proche en pratique du ski de fond que du roller. C’est ainsi qu’il a été pensé, et c’est flagrant lorsqu’on connaît les deux sports.
Pourquoi les fabricants de roller n’investissent pas dans le ski-roue ? Nous n’avons pas leur réponse à cette question, mais elle paraît évidente.
Tout d’abord, le marché ne représente pas encore une base suffisante pour des investissements. En outre, il n’y a pas beaucoup d’économies d’échelle possible tant les matériels diffèrent. Les platines sont très différentes, les fixations sont celles du ski de fond, et même les roues sont constituées différemment.
Il faut noter cependant la tentative de Décathlon qui cherche à développer ce sport. Après avoir sorti une gamme de ski-roues à un prix très attractif, la marque du nord interroge aujourd’hui les pratiquants. Comme nous le relayions récemment, Décathlon a lancé une enquête auprès des ski-rouleurs pour en savoir plus sur leur pratique et leurs attentes. Mais Décathlon seule n’a pas vocation à développer un sport.
2. Un manque de couverture médiatique
C’est vrai. En dehors de la compétition organisée par Martin Fourcade sur les bords du lac d’Annecy, qui bénéficie d’une belle couverture médiatique, et de la presse régionale montagnarde, il est extrêmement rare de voir des articles aborder le sujet du ski-roue.
On peut d’ailleurs noter que, dans le pays qui compte le plus de titres de presse par habitant au monde, il n’existe aucune parution dédiée au ski-roue.
3. Un problème de représentation
Voilà le cœur du problème. Nous l’avions déjà évoqué dans un article précédent, et cela valait le coup de développer. Comme nous l’avons déjà expliqué, le ski-roue est entré dans le giron de la puissante Fédération Française de Ski. Pourquoi, comment, nous n’en savons rien. Ce qui nous importe aujourd’hui ce sont les conséquences de cette situation.
Il faut rappeler que le rôle d’une fédération sportive n’est pas que d’organiser les compétitions. C’est aussi d’œuvrer au développement et au rayonnement de son ou ses sports, et de ses sportifs. Or à l’évidence, l’objectif de la FFS est de développer le ski (tant qu’il y a de la neige).
Du coup, le ski-roue n’est pas une priorité.
Mais au-delà de ça, le rôle de la Fédération est aussi de garantir la pratique à travers les certifications de ses formateurs. Et c’est là qu’est, à notre avis, le plus gros problème. En effet, pour enseigner le ski-roue, il faut disposer aujourd’hui d’un diplôme de moniteur de ski ! En toute mauvaise foi, c’est un peu comme si on demandait à un professeur de foot d’être expert en Football américain pour entrainer.
La conséquence principale de cette situation absurde, c’est que cela empêche le développement du ski-roue en plaine où l’on trouve très peu de moniteurs de ski, évidemment. Du coup, peu de clubs peuvent proposer une activité de formation. Or c’est la principale demande que nous, site spécialisé dans le ski-roue, recevons de la part des néophytes.
La seule solution, pour quiconque habite loin des montagnes et souhaite découvrir le ski-roue, ce sont les tuto Youtube. Un peu léger, franchement.
Cette situation est dommageable pour tout le monde. Pour les pratiquants d’abord, forcés de pratiquer seuls dans leur coin. Pour les fabricants ensuite, qui ne trouvent pas de clientèle suffisante pour prospérer.
Le ski-roue mériterait donc d’avoir sa propre fédération pour assurer son développement.
Bonjour, merci pour cet article bien écrit et qui résonne en effet par rapport à ce que chacun vit dans son coin, en plaine, proche où loin des montagnes.
Pour ma part, je ne trouve pas étonnant le rattachement de ce sport à la FFS dès lors que les compétions sont les pendants estivaux des sports d’hiver que nous connaissons.
Toutefois, votre analyse est sans doute juste, cela dessert le ski roues. J’aimerais également créer un club, en espérant susciter l’intérêt mais c’est vrai qu’on n’a bien souvent pas de relais local en plaine alors que les infrastructures (voies vertes) sont de meilleure qualité qu’en montagne, quand il y en a.
La position de la FFS est finalement à l’image des économies montagnardes qui espèrent bien exploiter le filon de la neige autant que cela sera possible.
C’est dommage pour ce beau sport, complet et procurant de chouettes sensations…
Après avoir organisé pendant plus de 15 ans la montée du Semnoz avec mon club et avoir vu le nombre de participants diminuer années après années je me suis souvent posé cette question et j’en ai parlé avec pas mal de gens.
Si vous voulez le peux vous écrire un article sur ce sujet car je pratique le skiroue depuis 30 ans et ai bien fait le tour du sujet.
Sportivement
Bonjour
J’aimerais beaucoup essayé le skiroue
J’ai déjà pratiqué le roller durant quelques années.
Est-ce que les chutes sont nombreuses ?
Merci infiniment
Bonjour,
On ne va pas se mentir, oui on tombe ! Pour ma part (plusieurs années de pratique), je ne chute que très rarement.
Néanmoins, cela peut arriver si on à mal regardé on on pose ses skis. La chute est très souvent due à un relief qui vient bloquer un ski. ça peut être un trou un caillou, du sable, une bosse marquée… Mais toujours à faible vitesse.
Je m’abime parfois un genoux, une hanche ou un coude (les chutes sont souvent latérales. Un ami utilise des protections VTT, short rembourré et genouillères. On ajouter des coudières. Les gants sont à conseiller et le casque est le minimum obligatoire !! de quoi ressembler à Mad Max !!!!
Et que penser de la crainte de se faire plus mal au corps et aux équipements en tombant sur du bitume, en comparaison avec les chutes sur la neige (même bien damée) ? La confrontation aux autres usagers en plaine, voitures et camions sur les départementales, ou dans une moindre mesure avec les cyclistes sur les voies vertes peut-elle aussi faire craindre des accidents… aussi graves que les collisions entre skieurs de descente !?
Vision assez juste de la situation mais probablement incomplète.
Le roller et le skate ont la FFRS…et le sport reste malgré tout confidentiel.
Je suis en Dordogne et le seul club du département à proposer une section vitesse est Bergerac, Du coup, je fais 2* 3/4h de voiture le lundi pour aller dans un club sur Angoûleme. Les autres disciplines sont a peine plus représentées.
Il y a sans doute un effet de mode, peut-être un problème de cout aussi.
Je ne suis pas sûr que créer une fédé juste pour le ski roue soit pertinent, avec trop peu de licenciés, elle n’aura aucun budget pour se développer. Peut-être que le ski roue s’en sortirait un peu mieux à la FFRS,
Quand à la question pourquoi peu de skieur neige passent au bitume?
-Ce ne sont pas vraiment les même sensation. Le freinage en particulier est beaucoup plus problématique. Alors que je prend plaisir à prendre de la vitesse en descente à ski, je fais en sorte de garder une vitesse maitrisée en ski-roues. les descente sur goudron ne sont clairement pas un kif…
-Les chutes qui seraient sans gravité sur neige, vont se traduire pas des dégâts sur le matériel, et des dermabrasions pour le pratiquant.
– A titre perso, le planté de bâton sur goudron me traumatise les épaules, sans parler que sur piste béton, ça ne plante pas et ça glisse.
Les « spots » roulables, séparés de la circulation routière sont rare : en Dordogne: VV aglo de périgueux et VV sarlat; En Charente Coulée d’oc…et là encore, c’est la foire aux barriere, aux groupes de piéton qui ne pensent qu’a leur gueule, aux chiens en laisse. C’est vite lassant et dangereux …
Alors que si on prend un domaine comme sancy est ou sancy ouest, c’est une 100aine de km de piste où il n’y a que des skieurs, les raquettes ayants leur propres itinéraires.
A titre perso, je roule sur départementale, à mes risque et péril, mais je ne peux prendre la responsabilité de le conseiller à d’autre…
Pour ma part, il y a une chose qui m’a toujours choqué dans ce sport : l’absence de freins. Et j’imagine que cela doit poser un gros problème à beaucoup de personnes souhaitant s’y mettre. J’ai lu des choses délirantes à ce sujet, de la part de pratiquants (« en cas d’urgence on se jette dans le fossée »…). Perso je veux faire du sport, pas prendre (et faisant prendre aux autres) des risques de manière totalement irresponsable sur la route.
Imaginez la même situation en vélo ? On freine en frottant avec les pieds ? Ouais ça peut marcher c’est sur …
J’ai un peu l’impression que cette discipline veut rester proche de l’entrainement du biathlète ou fondeur. professionnel. Elitiste. OK eux, ils savent faire autrement, ils sont nés sur des skis, c’est leur métier …. soit.
Mais pour tous les autres, c’est pas la même. A mon sens il est impensable de ne pas disposer d’un dispositif de freinage efficace et puissant, surtout sur routes ouvertes à la circulation. Je vois des belles phrases « le port du casque est indispensable, plus des protections en cas de chutes.. », mais à côté de ça on roule sans pouvoir freiner ? C’est incohérent.
Des solutions existent ! Mais jamais mis en avant. Au mieux c’est un accessoire, une option, même décathlon, qui s’adresse pourtant à un public large et potentiellement débutant, n’en propose pas.
Rassurez-vous Denis, on ne ramasse pas de cadavres sur les bords des pistes après les entrainements. La raison pour laquelle les ski-roues ne sont pas équipés de freins, c’est parce que la plupart sont dotées par défaut de roues lentes. Avec ces roues, vous n’avez quasiment pas besoin de freiner sur un terrain plat voire légèrement pentu. Mais du coup, l’effort est plus important, ce que recherchent souvent les fondeurs pour parfaire leur condition avant l’hiver.
Néanmoins c’est un vrai sujet et c’est effectivement un peu stressant au début. Certains fabricants comme R17 réfléchissent constamment au moyen de créer un frein simple et efficace. Mais personne ne semble avoir trouvé la solution miracle pour le moment.
Je suis un peu surpris par voss commentaires sur l’absence de freins. Je pratique le ski-roues depuis de nombreuses années avec des freins SKIKE (également vendus par FISCHER) et je vous assure qu’il sont d’une efficacité totale. Un peu délicat à installer sur les chaussures mais une fois que c’est fait c’est la sécurité absolue.
Je pratique le ski-roues depuis 1976 avec à l’époque des skis en bois avec trois roues, d’abord en style classique bien sûr. Habitant en région parisienne, je pratiquais dans le bois de Verrières et sur mon lieu de travail dans le parc du centre d’instruction d’ Air France à Massy. En effet, aux vacances d’ hiver,j’étais moniteur bénévole de ski de fond dans l’association sportive de cette entreprise qui m’a permis de participer aux plus grandes courses de fond comme la Vasa et autre Transjurassienne. J’ai donc passé beaucoup plus de temps sur les ski-roues que sur la neige. J’ai aussi fréquenté les pistes de la forêt de Rambouillet malgré les branches et autres feuilles. Le fait de n’avoir pas de freins est effectivement un problème, mais je pense qu’il est essentiel d’avoir une bonne technique pour aborder le ski-roues aussi bien en classique qu’en skating.
Bonjour à Tous.
J’ai commencé à pratiquer le ski roue avec grand plaisir… mais bien entendu tout seul !
J’habite en IDF à Presles, le club le plus proche est à Montesson la Borde , un peu loin.
C’est un sport très agréable, et suis certain, que comme évoqué plus haut il peut devenir une pratique à part entière. Je me débrouille et serais ravis de pratiquer dans un groupe ?
Comment faire ? je suis assez disponible pour découvrir des parcours et des pratiquants.
Si vs connaissez des parcours sympas, je suis preneur.
Cordialement
Mrac
Bonjour Marc, je pratique dans le Val d’Oise sur piste cyclable de Taverny et sur route ouverte à Baillet en France. Je suis inscrit au club de Montesson, le rendez-vous est le dimanche matin au stade de tir à 9h30. Tu peux retrouver les parcours sur Strava.
Bonjour,
Merci pour cet article très intéressant. Il existe néanmoins la solution de devenir moniteur fédéral pour enseigner le ski-roues et développer un club. Ski-Golfe et l’ASPTT Nantes l’ont fait avec le Breizh ski-roues. Il existe là-bas une belle cohésion entre les clubs qui mutualisent les connaissances et le matériel pour que ces clubs se développent.
Je trouve assez logique avec le biathlon que le ski-roues soit sous le giron de la FFS, même cela ne joue pas forcément en sa faveur pour l’instant.
L’IBU s’implique pour créer un circuit estival international en biathlon, ce qui est une bonne chose, mais la route est encore longue avant que la pratique ne se développe, si un jour elle y arrive. Quoi qu’il en soit, tous les acteurs doivent se mobiliser, évènements, fédés, marques de ski-roues, clubs, et infrastructures pour développer ce sport..
Bonjour,
Ancien triathlète de competition que je pratique encore, je pratique le ski roue depuis 4 ans( et le skating neige depuis 25 ans mais 1 fois par an) ceci pour etre bien en skating neige!!!!et c est vrai que c est un sport complet…il se developera forcement c est sur car la neige n existera plus ds 10 a 15 ans en station! la limite pluie neige ne faisant que remonter….
Donc les stations seront obliges a mon avis d amenager des pistes pour passer a ce sport …ou rollerski!
OUI C EST DANGEREUX MAIS IL FAUT PRENDRE DES ROUES LENTES! le but étant de travailler le cardio , la puissance et la technique! rien d autre si vous ne faites pas de compet…..aucun intérêts d aller vite !
le plus gros problème a mon avis est de trouver des routes sans trop de monde et pour l instant hormis qq routes vertes bien bitumees , c est la route et les inconvenients qui vont avec……Donc croyez moi portez un casque , et des gants, meme avec une bonne technique , on p prendre un cailloux ou une voiture qui debouche ou …. et tomber….en 4 ans , 2 ,3 fois perso avec 800 km par an! suis breton et chez nous le velo est roi et c est difficile de trouver du monde……………………………..